Une jeune pousse française expose au CES de Las Vegas son approche de la voiture électrique de poche et bon marché, conçue pour se plier aux caprices de ses utilisateurs.

Qui n'a pas rêvé posséder un jour une automobile qui se plierait aux caprices son propriétaire ? Ce fantasme de la voiture à la plasticité parfaite a inspiré nombre de designers et de concept-cars au fil des décennies, de la citadine qui ramène ses roues arrière sous elle pour se garer (Citroën, Opel et Matra) à la familiale compacte qui se transforme en coupé, cabriolet ou coupé en déboulonnant quelques panneaux de carrosserie (Mercedes-Benz), en passant par le plaisir simple (mais onéreux) de rhabiller sa Smart une fois lassé de sa couleur.

La Pixel présentée par France Craft au Consumer Electronics Show de Las Vegas est dans la même veine. Née en 2010 sous le nom de F-City chez FAM Automobiles (bien connu pour son différentiel à glissement limité monté à la demande sur les Peugeot et les Citroën), cette petite automobile à propulsion 100 % électrique avait vu sa carrière interrompue deux ans plus tard par la reprise de son constructeur par Poclain Véhicules. Au printemps 2015, on apprenait que les droits sur son dessin et sa fabrication étaient cédés à l'un de ses concepteurs, Marc Chevreau, fondateur de la société France Craft Automobiles.
Produite sans outillage lourd, dans des ateliers disséminés au plus près des clients

La F-City rebaptisée Pixel tire les coûts vers le bas et fait le choix d'une structure tubulaire aisée à modifier, sur laquelle se greffent la mécanique et les panneaux légers de carrosserie. Une vertu qui devient le fondement du projet de France Craft puisque la jeune société ambitionne rien moins que de permettre au client de configurer librement sa voiture.

L'originalité du projet ne s'arrête pas là. Une fois sélectionnés sur internet la longueur et le type de carrosserie (berline ou bien utilitaire), le type de motorisation (hybride essence-électrique ou bien 100 % électrique), l'autonomie — donc le coût — des batteries (100 à 200 km annoncés), la couleur, ainsi que les accessoires intérieurs et extérieurs, l'ensemble du véhicule est monté dans un atelier indépendant agréé, au plus près des clients. Cela peut être un garagiste indépendant, un carrossier ou tout autre mécanicien. Pas d'usine à financer donc, juste des composants conçus d'emblée pour être assemblés à la main, avec un outillage ultra simple. Un concept malin, déjà exploré par le constructeur français Little pour sa petite "4" électrique, comme par un certain Gordon Murray (bien connu pour ses conceptions révolutionnaires en F1) dans son projet toujours pas concrétisé de mini citadine révolutionnaire.
France Craft s'épargne consciencieusement tout investissement lourd.

Cette simplicité de conception et d'assemblage de la voiture Pixel (95 % des composants sont partagés par les trois modèles) va de pair avec une approche parfaitement iconoclaste des relations que la société France Craft espère entretenir avec ses équipementiers fournisseurs. Ses promoteurs invitent tout un chacun, qu'il soit artisan, jeune entrepreneur ou bien industriel établi à proposer des composants pour les voitures Pixel, y compris des systèmes de communication innovants. France Craft met à leur disposition ce qu'elle appelle un "kit de développement" qui leur indique les normes et les exigences à respecter pour obtenir l'homologation de leurs créations. Le coût de développement est ainsi reporté sur les fournisseurs.

Ce respect des normes est très important pour France Craft qui rappelle avec fierté que ses trois modèles Pixel X, Pixel Y et Pixel T ont reçu leur homologation dans la catégorie dite "M1", sensiblement plus exigeante en matière de protection des passagers que celle des simples "quadricycles à moteur", fussent-ils "lourds" ou "légers". Les Pixel ont ainsi le droit de circuler sur les autoroutes, avantage appréciable par rapport à la nuée de voiturettes électriques parfois conçues dans la hâte par des entreprises appâtées par les subventions publiques et les appels d'offres des collectivités territoriales pressées de développer leur propre système d'auto-partage.

"Notre cahier des charges initial est parti d’un principe extrêmement simple : nos véhicules devaient être aussi simples à produire qu’à réparer. Et nous avons réussi ce pari : notre véhicule est homologué, tous les éléments sont modulaires et une simple caisse à outils permet de rivaliser avec les productivités industrielles. Cette innovation fondamentale nous permet d’envisager le futur avec une grande agilité pour intégrer de nouvelles innovations telles que le véhicule connecté ou même autonome", conclue Marc Chevreau, co-fondateur de XYT by France Craft.

A l'en croire, la Pixel la moins chère pourrait coûter moins de 10.000 euros, batterie comprise. Le propriétaire pourra très aisément remplacer l'un quelconque des éléments de sa voiture en cas d'accident, ou bien simplement pour adapter son véhicule à des besoins nouveaux. Si la Pixel X se destine à la livraison du dernier kilomètre, la Pixel Y vise la mobilité partagée et individuelle. Quant à la version T, elle est une navette conçue pour les taxis et les entreprises.

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